« CECI N’EST PAS UN BUDGET ?»

… Et pourtant l’Orange-bleue sombreffoise annonce déjà en partie la couleur


La nouvelle majorité en place à Sombreffe depuis le 3 décembre dernier souhaite passer « à l’arrache » un nouveau budget pour l’exercice 2019.


Un budget est une transcription cohérente dans des chiffres de la politique communale.

Certaines Communes, même avec une nouvelle majorité, comme à Gembloux, ont déjà présenté leur budget en phase avec leur déclaration de politique communale. D’autres Communes ont fait le choix de faire voter des 12èmes provisoires et de se donner le temps de réfléchir et de consulter tout azimut, au niveau communal ou supracommunal, pour élaborer un vrai et bon budget, adapté et cohérent, à la hauteur des enjeux et de leurs ambitions.
Un budget est bien un acte politique.
Un budget se doit aussi d’être le plus précis possible, à la lumière des prévisions et estimations dont disposent l’administration au moment de sa confection. C’est donc un outil de bonne et saine gouvernance de l’action publique. Et non un jeu de fléchettes ou un fourre-tout pour la galerie, contenant tout et son contraire.

Le bricolage sombreffois…
Or, ce bon sens n’est pas d’application à Sombreffe, où la nouvelle majorité Orange-bleue a décidé de faire voter durant les congés de Noël et Nouvel-an, un budget « au brouillon », non définitif et ceci dans l’attente d’une future modification budgétaire programmée en février-mars, au moment de la déclaration de politique communale.

On nous annonce donc, je cite : « un budget « sec » = (qui sert aux statistiques, mais n’est pas le budget définitif), un budget minimaliste et sans rupture, qui est, à l’exercice ordinaire, une reprise des comptes 2017, majorée de 2% et avec une indexation des frais de personnel. Ni plus ni moins, avec quelques adaptations liées aux informations reçues (montants des transferts). Pour l’extraordinaire, on nous vend un inventaire d’investissement minimaliste aussi, hormis quelques investissements spécifiques».

Circulez, il n’y a rien à voir, le « Vrai budget », ce sera pour une autre fois….
Vraiment ?
Pas tant que ça, car à l’analyse par le groupe Ecolo, on s’aperçoit que ce budget n’est pas si inoffensif, ni si minimaliste qu’il n’y parait.

L’Orange-bleue CdH-MR donne déjà quelques premiers coups de griffe…
A titre d’exemple, citons à l’exercice ordinaire :
– Non pas une reprise du montant du compte 2017, indexé, pour la ligne relative aux actions de promotion de la Nature (journée de l’arbre), mais bien une réduction de moitié du montant initial de 2.000 €. La sauvegarde de biodiversité n’est pas visiblement une priorité pour la nouvelle majorité !
– Un nouveau montant de 10.000 inscrit pour les postes « prestations de tiers » en matière d’eaux usées et 10.000€ pour des prestations techniques de tiers aux cimetières. La volonté affichée par la majorité est « d’externaliser » les services d’entretien, tant au niveau des eaux que pour la gestion des cimetières.

Alors pour ceux qui ne parlent pas la novlangue politicienne, par externalisation, il faut comprendre : privatisation de services publiques. Ce qui laisse supposer une réduction du personnel. On comprend mieux, dès lors, la teinte nettement plus bleue de l’orange apportée par Saint-Nicolas, le 3 décembre dernier !

– Autre bizarrerie de ce budget à la va-vite : le montant de pas moins de 100.000 € tapé comme « contribution dans les charges spécifiques de fonctionnement du BEP ( ?) (hydro-cureuse/endoscopie). Là on ne comprend pas ! Tout d’abord que cet investissement soit inscrit à l’ordinaire, ensuite le choix infondé du montant, ou encore l’indication dans la ligne du nom d‘un prestataire potentiel, pas spécialement le plus indiqué, qui en séance change de nom et devient AGREA. Rajoutons à cette incongruité, l’incapacité de la majorité et en l’absence de l’échevin des travaux, à défendre cette proposition en commission. Du grand n’importe quoi !
La majorité ne devrait décider d’un tel virage politique que lors de la présentation de la note de politique communale, et pas de façon déguisée, dans une dotation budgétaire soit-disant neutre. Ils inscrivent maintenant au budget une externalisation qui n’a pas encore été discutée ni avalisée par le Conseil.
Le groupe IC-R aurait aussi pu se poser la question de la pertinence de l’inasep, via AGREA, pour ce travail. (Pour rappel, cette intercommunale est en difficulté financière, a nommé des agents à tour de bras, et semble avoir créé un nouveau service, Agrea, pour les occuper. Mais on s’interroge sur sa capacité à mener à bien ses missions).

A l’exercice extraordinaire, on reprend et adapte le cas échéant, les dossiers en cours, avec l’un ou l’autre « geste fort » en termes de communication vers des publics cibles très demandeurs, tel que le dossier de nouveau terrain synthétique de LIGNY. Soit ! Ne fallait-il pas attendre la résolution du problème de nocivité des billes synthétiques ?
Par effet d’opportunité, on inscrit un montant important pour le remplacement de 340 points lumineux par ORES (l’annonce vient d’arriver nous dit-on).
Toutefois, on ne se pose pas la question de la réflexion globale et stratégique des meilleurs investissements à consentir après analyse…
Là encore on transpose en chiffre des choix, avant de présenter la note de politique, alors que c’est un budget provisoire et que pour les budgets provisoires, on a la technique des 12ème provisoires.

La lecture d’un budget c’est regarder et analyser ce qu’il comporte, mais aussi rechercher ce qu’il ne contient.. pas !

Ainsi, à l’extraordinaire et compte-tenu des grands enjeux climatique, énergétique, écologique ou encore en termes de définition et protection de la ruralité, nous constatons que ce vrai-faux budget, en trompe-l’œil, ne comporte aucune ligne relative au lancement ou mise à jour d’une étude relative à :
– La maîtrise du développement de nos villages et la protection de la ruralité, par la réactualisation du Schéma communal de développement (ex-Schéma de structure de 2006) ;
– La prise en compte des enjeux de mobilité alternative et de sécurité routière, par l’actualisation du Plan communal de Mobilité (lancé en 2001)
– Des investissements concrets dans l’entretien et la sécurisation du réseau de voies lentes, tel que le RAVEL et les jonctions inter-villages ;
– La mise en oeuvre du Plan d’Action pour l’Energie Durable,
– La lutte contre l’effondrement de la biodiversité, grâce au lancement d’un Plan Communal de développement de la Nature ;
– Ou encore la stratégie de redéploiement économique local, au départ de la production et transformation agricole et des circuits alimentaires courts, permettant de conserver et développer de l’emploi agricole et alimentaire sur base de notre tissu socio-économique existant.

Bien évidemment d’autres enjeux, tels que le logement ou encore une politique acquisitive de terrains, brillent par leur absence au sein de ce brouillon budgétaire livré par la Collège.

Ce budget soi-disant minimaliste, présenté comme provisoire est déjà un virage de 90° à droite, l’air de rien, sans le dire et sans l’assumer, mais sans vision claire d’une politique communale qui tiendrait ses promesses électorales et surtout qui serait à la hauteur des défis sociétaux et environnementaux qui nous attendent.

En conséquence de quoi, Ecolo vote contre les budgets 2019 à l’ordinaire comme à l’extraordinaire.