Pour ECOLO, le Gouvernement fédéral est lourdement responsable et doit revoir ses options injustes et contreproductives

29 janvier 2012 | Ces derniers jours, plusieurs membres du Gouvernement fédéral ont ouvertement critiqué la grève générale de ce lundi et ont cru bon de dénoncer l’irresponsabilité de ses organisateurs ou fait mine de s’interroger sur le sens de cette première grève générale organisée depuis 1993… Ils ne manquent pas de culot !

Pour les écologistes, cette journée d’action est clairement la conséquence de choix profondément injustes du Gouvernement papillon, des reculs assumés en matière de solidarité interpersonnelle, de son manque respect pour la tradition de concertation sociale de notre pays mais surtout de l’absence de tout projet socio-économique porteur et mobilisateur ! Or les citoyens ont besoin de projets et d’espoir et non de sanctions et d’injustice.

Le gouvernement fédéral est responsable la détérioration du climat social, dès lors que ses premiers actes ont constitué à s’attaquer :

– aux travailleuses et aux travailleurs en durcissant l’accès à la pension sans tenir compte de la pénibilité de certaines carrières, en supprimant les périodes assimilées (ce qui aura un effet évident sur les pensions des femmes, déjà beaucoup plus basses) ou en restreignant l’accès aux crédits-temps, qui permettent de concilier carrière professionnelle et vie familiale et d’aménager les fins de carrière, et de partager le temps de travail, par exemple ;

– aux allocataires sociaux en accentuant la dégressivité des allocations de chômage, comme si les demandeurs d’emplois étaient forcément coupables de leur situation et alors que 61% des demandeurs d’emploi isolés vivent déjà aujourd’hui sous le seuil de pauvreté ; en limitant les allocations d’insertion pour les cohabitants qui, comme on le sait sont souvent, des cohabitantes ;

– aux jeunes en augmentant la durée du stage d’attente, comme si les jeunes se complaisaient dans leur situation de non-emploi et alors que 20 % de ceux âgés de 20 à 24 ans sont sans emploi, un chiffre nettement supérieur à celui de nos voisins européens ;

– aux citoyens au sens large et au développement durable, en désinvestissant dans la SNCB, ce qui aura un impact certains sur les travailleurs et les voyageurs du rail ; en supprimant les déductions fiscales fédérales pour les travaux permettant des économies d’énergie, ce qui pourrait mettre à mal les projets de milliers de citoyens et conduire à la suppression de centaines voire des milliers d’emplois dans le secteur de la construction.

A côté de ces politiques particulièrement inéquitables socialement, le gouvernement fédéral a choisi d’épargner dans une large mesure les spéculateurs, les très hauts revenus ou des mécanismes fiscaux injustes tels les intérêts notionnels, qui ne sont aujourd’hui toujours pas liés au maintien ou à la création d’emploi. Les travailleurs d’Arcelor-Mittal peuvent en témoigner ! Quant aux mesures urgentes de régulation de la finance, elles restent désespérément à l’état de projets, comme si les leçons des crashs bancaires ne devaient jamais être tirées…

Ecolo appelle le gouvernement fédéral à se ressaisir d’urgence ! Ce lundi, lors du sommet européen, le Premier Ministre belge devra dire si oui ou non la Belgique accepte la règle d’or budgétaire voulue par Merkozy. Ce fétiche n’apportera aucune réponse à la crise de la zone euro et risque, à l’inverse, de conduire l’ensemble de l’Europe vers l’austérité aveugle aux dépens, notamment, de la cohésion sociale, de l’environnement et d’un véritable projet de relance de l’économie. Pour Ecolo, il est également démocratiquement inacceptable que les Parlements nationaux soient privés de leur capacité à élaborer leur budget et à utiliser les moyens les plus adéquats pour revenir à l’équilibre budgétaire.

A côté de ce sommet qui permettra de confronter les appels de certains ministres à une autre Europe à la réalité des actes posés en leur nom, les écologistes appellent le gouvernement fédéral à enfin faire preuve de justice à l’occasion du prochain contrôle budgétaire, plutôt qu’à poursuivre dans l’injustice comme certains le suggèrent en imaginant un saut d’index.

La captation de la rente nucléaire, l’augmentation de la taxe sur les opérations boursières, une meilleure contribution des très hauts revenus au budget de l’Etat, le strict conditionnement des aides publiques à l’emploi, des choix d’investissement dans l’économie du futur, voilà quelques pistes que nous demandons au gouvernement fédéral d’emprunter pour équilibrer ses finances tout en épargnant les citoyens et en préparant demain. Pour Ecolo, ces choix devront être impérativement posés au risque de briser pour longtemps l’espoir et la confiance d’une population en attente de projets et d’espoir et non de sanctions et d’injustices.

Jacky Morael, Sénateur et Olivier Deleuze, Député