La lutte contre la pauvreté est loin d'être la priorité du gouvernement fédéral

Publié le 13 avril 2012
Rédigé par 
Valérie Delporte

Ce mardi 16 janvier, la Secrétaire d’etat Maggie De Block, a présenté à la chambre sa note de politique générale « Intégration sociale, Lutte contre la pauvreté et Economie Sociale ». Pour Ecolo et Groen, ce gouvernement, pas plus que le précédent, ne prend les mesures adéquates, pour lutter contre la pauvreté en Belgique et pour permettre aux CPAS de jouer pleinement leur rôle en matière d’intégration sociale.

Par Zoé Génot, députée fédérale, le 17 janvier 2012


En matière de pauvreté, le baromètre interfédéral de la pauvreté montre que la situation se détériore depuis 2004. Le taux de pauvreté est ainsi passé de 14,3% à 14,6% de la population (soit plus de 128.000 personnes pauvres en plus), malgré toutes les déclarations d’intention des partis traditionnels. Ce pourcentage est plus élevé qu’au sein des pays limitrophes (10,3% aux Pays-Bas et 13,5% en France). Le taux de pauvreté des 0-18 ans est, quant à lui, passé de 16,6% à 18,5% sur le même laps de temps. Malgré ces constats inquiétants, le gouvernement fédérale ne prendra aucune mesure concrète pour relever les minimas sociaux au-dessus du seuil de pauvreté, alors que tous les partis qui le composent (à l’exception des libéraux) avaient pourtant promis une augmentation de ces minimas lors de la campagne électorale de 2010 !

Le gouvernement agit même en sens contraire. Tout d’abord, la réforme du marché du travail, introduite par la majorité, fait en sorte que plus d’allocataires percevront désormais une allocation de chômage minimale, inférieure au seuil de pauvreté (via la dégressivité accrue des allocations de chômage). Par ailleurs, étant donné la réforme des allocations d’attente et le durcissement de la procédure d’activation des demandeurs d’emplois, davantage de citoyens, dont une grande partie de jeunes, émargeront progressivement au CPAS et ne pourront plus bénéficier que du revenu d’intégration, lui aussi largement inférieur au seuil de pauvreté. Enfin, rappelons la décision prise par le gouvernement de baisser de 40% l’enveloppe de liaison des allocations au bien-être en 2013 et en 2014.

En matière d’intégration sociale, alors que les CPAS lancent des cris d’alarme depuis des années, le gouvernement n’a, à ce jour, pas pris la décision d’augmenter la participation du fédéral dans le remboursement des revenus d’intégration versés. La subvention 2012 « CPAS droit à l’intégration sociale » ne prend, par ailleurs, pas en compte la probable hausse des bénéficiaires du revenu d’intégration, due aux effets de la crise, aux réformes structurelles d’exclusion prises par le gouvernement en matière d’emploi et à la précarisation de plus en plus forte des emplois.

A cet égard, notons que le travail protège de moins en moins bien les travailleurs de la pauvreté. Ainsi, la part de travailleurs parmi la population sous le seuil de pauvreté est passée de 19,6% en 2004 à 24,1% aujourd’hui. L’annuaire fédéral sur la pauvreté désigne les conditions de travail de plus en plus précaire comme étant responsable de ce phénomène. Or, à ce sujet, le gouvernement, en durcissant l’accès au crédit-temps et aux interruptions de carrière et en durcissant la notion d’emploi convenable, dégrade encore un peu plus la qualité des emplois.

Dans sa déclaration gouvernementale, la majorité affirmait que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion était « une priorité ». Les verts dénoncent une contradiction consternante entre ces belles paroles et les actes posés.