La "Prospérité sans croissance" : changement de paradigme ou opération de communication ?

Publié le 10 avril 2011
Rédigé par 
Valérie Delporte

ECOLO et Etopia répondent aux questions posées par le Mouvement politique des Objecteurs de Croissances (MpOC) :


Etopia, le « Centre d’animation et de recherche en écologie politique » associé à Ecolo parle de prospérité sans croissance et remet en cause l’idéologie de la « croissance ».

Mais, selon le Mouvement politique des objecteurs de croissance (MpOC), Ecolo vote pour la croissance du PIB, en votant, notamment pour le traité de Lisbonne, et ce faisant en appuyant de facto une organisation de l’Europe basée sur la croissance, le « développement durable » et la compétitivité. Les déclarations de politiques régionales Wallonne et Bruxelloise 2009-2014 prônent, selon le MpOC, la croissance et le productivisme, via par exemple, un Pacte de Croissance Urbaine Durable. Le MpOC pose donc la question de savoir si la « Prospérité sans croissance » est un changement de paradigme ou un opération de communication. (voir lettre du 25/02/2011, 4 pages).

Je vous invite à lire intégralement (7 pages) la réponse conjointe de Sarah Turine, co-présidente d’ECOLO et de José Daras, président d’Etopia, téléchargeable ci-dessous, et que je résume comme suit :

Sur la participation à un gouvernement, sur le parti ECOLO et sur l’association Etopia :

Si la Déclaration de politique régionale est imparfaite, puisqu’elle résulte d’un accord de compromis d’une majorité gouvernementale (PS-CDH-ECOLO), la comparaison avec la version précédente démontre les acquis en faveur de l’écologie politique. L’échec du Traité de Lisbonne – très loin de ressembler au programme d’ECOLO – aurait maintenu le Traité de Nice, bien pire.

C’est principalement la critique du consensus productiviste qui fonde notre raison d’être, c’est notre conviction profondément ancrée, que la croissance ne fait pas le bonheur. Or dans notre société de croissance, l’élaboration d’un programme « post-croissanciste » relève encore de la tâche à accomplir. Face à ce défi, et avec la conscience réaliste de notre poids politique, nous concentrons notre action sur ce qui est atteignable aujourd’hui.

Outre le travail visible de contagion culturelle (conférence, ateliers, formations, publications … organisés par Etopia) , nous travaillons à la transposition du cadre conceptuel de Prospérité sans croissance en propositions de mesures effectives et audibles à mettre en débats au sein de la société et du parti.

Sur l’action politique et la radicalité :

ECOLO est convaincu que la participation à des gouvernements permet de faire avancer les buts de l’écologie politique comme aucun autre moyen ne le permet. Nous sommes tourné vers l’action, en tant qu’exercice collectif de la liberté. Savoir qu’on ne change pas la société par décret ne nous amène pas à la résignation, mais à la pédagogie des réformes et à la volonté d’y impliquer les acteurs concernés.

Si nous étions plus radicaux ? Nous serions réduits à un courageux isolement. Or nous voulons faire alliance avec les acteurs de la société.

Sur la croissance, la décroissance et la prospérité sans croissance :

Le réformisme participatif que nous souhaitons demande une mobilisation sociale sans précédent. Chacun, chaque acteur social et économique, chaque pouvoir public, quel que soit son niveau doit pouvoir s’investir. On sait que des chemins qui tiennent compte de la complexité existent pour assurer une prospérité sans croissance, dans les limites de la planète et que cela imposera des révisions drastiques du modèle productiviste. Il s’agira de réunir un large consensus pour décider démocratiquement ce que nous voulons voir croître, ce que nous voulons voir décroître.

Sur le développement durable :

L’interprétation réductrice que le MpOC donne du Développement durable ressemble au greenwashing des lobbies patronaux. Ce terme, victime paradoxale de son succès, permet de rentrer en dialogue et en transaction avec le reste de la société. Mais nous ne perdons pas son sens premier qui implique un respect de l’écosystème : l’économie doit maintenir un stock suffisant de ressources naturelles afin de permettre aux générations futures de répondre à leurs besoins.

Réponse d’ECOLO et Etopia Courrier du MpOC