En décembre dernier, Ecolo Sombreffe invitait à Ligny un conférencier de renom : Olivier De Schutter. Juriste belge, professeur de droit international à l’Université de Louvain-la-Neuve, Olivier De Schutter a été rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation de l’O.N.U. Depuis l’an 2000, il se consacre à définir les conditions de la transition écologique et sociale.

Le monde fait face à une urgence climatique. Le réchauffement deviendra dangereux si on n’adopte pas très vite des mesures drastiques de réductions des gaz à effet de serre.
Malgré les cris d’alarme des scientifiques, Olivier De Schutter explique pourquoi de nombreuses personnes ne changent pas leur comportement. Pourquoi beaucoup de citoyens ne se sentent pas concernés par les enjeux climatiques ? Ce sont des freins psychologiques, véritables obstacles pour enclencher une action individuelle et collective, qui empêchent l’être humain d’adopter de nouveaux comportements. Par exemple : nous sommes programmés pour ignorer certains risques. Nous faisons preuve d’un excès d’optimisme dans notre capacité à trouver des solutions. Notre capacité à traiter un grand nombre de problèmes à la fois est limitée. Nous sélectionnons alors ce à quoi nous allons accorder notre attention.

Le conférencier relève aussi l’importance que nous attachons à ce que nous possédons plutôt que ce nous pourrions gagner au changement. Beaucoup d’entre nous demeurent immobiles tant que d’autres peuvent agir à leur place.
Ce ne sont pas des arguments rationnels qui nous font bouger. Nous ne changeons que parce que nous sommes touchés au cœur. Le discours de nos gouvernements et du monde économique est celui des valeurs de performance et de compétition. Depuis plus de 20 ans, ce type de discours constitue une norme sociale bien ancrée dans la population. Nous devons faire changer cette norme sociale. Nous nous disons souvent : « Ce que je fais n’a aucune importance si les autres continuent comme avant ».
Or, à partir du moment où seulement 25% des gens changent leur comportement, cela fait évoluer la norme sociale par une forme d’effet domino. Toutes les expériences de changement de norme le montrent : c’est l’effet de seuil. Aujourd’hui, nous ne sommes peut-être que 10% à prendre notre vélo, à renoncer à l’avion, à limiter notre consommation de viande, mais nous sommes en avance sur les autres. Dans 5 ou 6 ans, les autres suivront. L’économie va suivre. Et le politique aussi. On arrêtera les extensions d’aéroports, le développement des infrastructures routières car les gens se diront en masse : « nous arrêtons d’être esclaves de la voiture individuelle, nous arrêtons de dépendre de l’avion, nous réduisons notre consommation de viande et de technologie. C’est meilleur pour notre santé ».

Olivier De Schutter collabore à la préparation d’un film sur les obstacles psychologiques au changement climatique. Très souvent sont mis en avant les obstacles économiques face aux grandes entreprises multinationales (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft…). Sont également bien identifiés les obstacles politiques : la vue à court terme des élus politiques, le mécanisme électoral qui ne permet pas d’apporter de vrais changements. Le film montrera nos difficultés à changer nos routines, à changer nos comportements. Il permettra d’identifier, grâce à nos changements de modes de vie, les signaux que nous allons envoyer à nos entreprises et à nos élus, pour qu’ils changent de politique.
L’objectif est de réunir les gens qui veulent changer leur mode de vie pour envoyer des signaux beaucoup plus forts.

Si vous souhaitez obtenir le power point de la conférence d’Olivier De Schutter ou l’enregistrement de celle-ci, signalez-vous par e-mail à : pierre.moreau@ecolosombreffe.be.