Sombreffe, le 18 avril 2020,

Plus d’un mois après le début de la pandémie, Ecolo Sombreffe vous adresse ce témoignage de notre vécu, en tant que groupe politique participant à la vie communale des villages bousculés par ce coronavirus.

Ecolo a d’abord marqué son soutien au personnel de la Commune, du CPAS et de notre zone de police par des courriers de remerciements, où nous leurs confirmions notre soutien et notre disponibilité.

Nous nous réunissons régulièrement et virtuellement – comme illustré par cette photo d’une de nos vidéoconférences – pour faire le point sur la Commune de Sombreffe, pour relayer les soucis de nos concitoyens et trouver des réponses, en communiquant notamment via les réseaux sociaux.

Peu après l’annonce des mesures fédérales de confinement, nous avons interpellé la Commune pour connaître leurs intentions. Le Directeur général nous a annoncé, le 19 mars, l’annulation du Conseil communal physique et public, et quelques mesures prises : travail à bureau fermé, garderies dans les écoles, existence d’un «Business Continuity Plan», report d’activités, ..

Suite à l’annulation, tout à fait compréhensible, du Conseil communal de mars, nous avons envoyé le 25 mars un courriel au Collège pour apporter notre soutien et manifester notre disponibilité dans la gestion locale de la crise. Et nous avons demandé à être mieux informés et à pouvoir continuer à participer à la gestion communale.

Quant à l’exercice de la démocratie, malgré le confinement et les annulations des Conseils communaux, nous avons cité en exemple d’autres communes qui communiquent plusieurs fois par semaine avec les Conseillers, organisent des vidéo-conférences avec eux ou les chefs de groupes, consultent par email, et associent majorité comme minorité aux décisions urgentes liées à la crise covid-19 à prendre par le Collège dans le cadre de ses pouvoirs spéciaux.

Cette demande de réunion informelle et de transparence a aussi été envoyée par Betty Hainaut, membre du PS sombreffois. Mais elle a été balayée par le Bourgmestre.

Mme Henne, pleine de bonnes intentions, nous a envoyé un courriel le 26 mars voulant nous informer « en priorité » du lancement de la plate-forme de solidarité pour que nous puissions la relayer. Cela nous a interloqués car l’annonce de la plate-forme « Give a Day » était déjà publiée sur les sites de la Commune et relayée par nous-mêmes sur les pages Facebook sombreffoises. Plusieurs membres écologistes s’y étaient d’ailleurs déjà inscrits comme volontaires avant même que nous ne soyons prévenus officiellement. Ce qui n’enlève rien aux bonnes intentions de Mme Henne 😉 Quoique ! Nous ne sommes pas en demande d’être informés « en priorité », ni d’être des citoyens au-dessus des autres ! Mais nous étions en demande d’être mieux informés de la situation à Sombreffe et de participer en amont aux solutions locales. Il est dommage que le Collège se prive de notre énergie, de notre temps et de nos idées.

Cela dit, nous avons continué notre travail de relais vers les citoyens, de veille aussi sur les réseaux sociaux, re-cadrant parfois les rumeurs, rassurant certaines personnes angoissées ou mal informées, re-dirigeant les demandes et offres de solidarité, …

Et c’est vrai qu’on a vu naître une solidarité extraordinaire entre concitoyens qui parfois ne se connaissent pas, mais se soutiennent ! La crise a du bon. Heureusement car elle fait aussi beaucoup de mal, endeuillant certains, angoissant d’autres, et plongeant de nombreux ménages dans des problèmes financiers, d’approvisionnement, …

Les jours passant, nous n’avons, en tant que Conseillers communaux, reçu qu’une bribe d’informations sur les décisions prises par le Collège dans le cadre des pouvoirs spéciaux. Si la loi dicte qu’il faudra avaliser toutes ces décisions en Conseil dans les 3 mois, il y a urgence : urgence à prendre certaines décisions, urgence pour les Conseillers à savoir si elles ont été prises ou pas, et donc à continuer à exercer notre rôle de contrôle démocratique (Quelles mesures exactement ? Sont-elles adaptées aux besoins ?) ainsi que notre rôle de Conseillers de majorité comme de minorité (Quelles autres réponses peut-on donner ? Comment transmettre nos informations et solutions ?)

Le Bourgmestre ne prend pas la peine de nous répondre, ni par courriel ni par téléphone, et cela génère, certes, une certaine frustration… Quelques membres du Collèges sont joignables et nous transmettent des miettes d’informations rassurantes, mais l’exercice de la démocratie réelle reste parent pauvre à Sombreffe.

Nous ne comprenons pas la frilosité du Bourgmestre. Pourquoi ne pas profiter de l’intelligence collective ? Pourquoi refuser le dialogue, en toute transparence, alors qu’il serait bien utile pour mettre en place plus rapidement des solutions déjà testées dans d’autres communes, par exemple ? Pourquoi se priver d’idées, de débats et de l’assurance de voir majorité comme minorité unies autour de la gestion de la crise sanitaire ?

Se retrancher derrière l’interdit d’une convocation officielle du Conseil communal est un peu faible, alors que le Ministre de tutelle, P.-Y. Dermagne, encourage les autorités communales à dialoguer avec le Conseil et à débattre encore plus durant cette période de pouvoirs spéciaux, suggérant d’ailleurs lui-même des réunions informelles par vidéo-conférences qui orienteront les Collèges dans leurs décisions.

Cette attitude aboutit à une lenteur dans les solutions apportées par la Commune, qui arrivent avec une guerre de retard. Heureusement l’incroyable créativité et la solidarité de nos concitoyens ont permis que beaucoup des solutions soient initiées sans les « Politiques ». Mais cela amène une certaine confusion et un manque de coordination.

Nous n’avons pas à Sombreffe, par exemple, une véritable coordination de l’aide contre l’isolement des personnes âgées. Pas plus que pour les personnes seules (parfois des mamans avec des enfants). On sait que ces personnes souffrent plus que d’autres du confinement et la plupart des communes ont mis en place un réseau de bénévoles encadrés par une assistante sociale, qui prennent quotidiennement des nouvelles des personnes qui en ont besoin.

Un courrier aux personnes âgées est annoncé le 2 avril et n’arrivera dans les boites aux lettres que le 14 avril, soit plus d’un mois après le début de la crise. Il va de soi que pour les personnes réellement en souffrance, c’est fort tard ! Et ce courrier ne résout pas grand-chose.

Mi-avril, le Collège se réveille et prend sa place d’informateurs sur les réseaux sociaux (ex : règles sur l’ouverture du recyparc, rappels des n° utiles), ce que nous étions les seuls à le faire au début du confinement. Nous continuons à relayer ces infos pratiques, et pouvons nous consacrer aussi à alimenter les réseaux en textes de réflexion, d’analyses du présent, de prospectives pour l’après…

Nous regrettons de ne pas avoir accès aux PV de Collèges par voie électronique, comme c’est quasi le cas partout ailleurs. Nous devons prendre rdv et aller les consulter à la maison communale, mais les derniers PV ne sont de toute façon pas disponibles… Le Bourgmestre, coincé dans sa rigidité, nous impose une procédure lourde, chronophage, qui impacte négativement les services administratifs qui eux-mêmes auraient autre chose à faire.

Mais tout arrive !

Ce vendredi 17 avril, nous avons reçu une invitation à une réunion d’information par vidéoconférence, avec les chefs de groupes, sans possibilité de procuration, pour le mardi 21 avril de 14h30-16h.

Si nous nous en réjouissons, car nos demandes ont enfin abouti, nous nous étonnons qu’aucun contact téléphonique ou via doodle n’ait été prévu préalablement, pour s’assurer que tous les chefs de groupe soient disponibles, sachant qu’ils ne peuvent pas être remplacés. Quand on veut vraiment avoir un contact avec autrui, on s’assure de sa disponibilité avant de lancer la convocation ! Mais nous avons des doutes sur la réelle envie de la majorité d’avoir un dialogue et d’agir dans la transparence.

De plus il est écrit : « Cette réunion ne donnera lieu à aucun débat ni discussion. » On nous expliquera les mesures prises par le Directeur général et le Collège, dans le cadre de la crise sanitaire. Ils écouteront ensuite nos « éventuels avis ». « Le Bourgmestre ou son remplaçant assurera la police de la séance. »

Mais soyons constructifs, et laissons à cette majorité le temps de découvrir les avantages et le plaisir du dialogue, de la co-construction de solutions et de la co-gestion. Ils connaissent la pénibilité du conflit, de l’opposition, de la méfiance… d’un système autoritaire dans lequel ils s’enferment et nous entraînent. Alors qu’un autre monde est possible !
Nous serons au rendez-vous !

Pour Ecolo Sombreffe, Valérie Delporte

 Et au CPAS, que ce passe-t-il ?

Si le personnel du CPAS assure admirablement la continuité des services à la population, en ayant complètement réorganisé son fonctionnement et en assurant une permanence sociale quotidienne, dans le respect des distanciations physiques, nous dénonçons beaucoup de cafouillage au niveau de la gestion ! Il a fallu interpeller de nombreuses fois le Président pour qu’il organise un Bureau Permanent, seul habilité à prendre les décisions à la place du Conseil. Après plus d’un mois, aucun BP n’a encore eu lieu. Mais à force d’insister, le président en annonce un… Reconnaissons qu’il a toutefois été précurseur : il a organisé le premier Conseil de l’Action Sociale par vidéoconférence, durant la période où ce n’était pas clairement interdit. Ce genre de Conseil à distance souffre néanmoins du manque d’accès aux documents permettant de pouvoir prendre les bonnes décisions. C’est un nouveau défi que devra relever son administration : s’adapter aux nouvelles procédures, acquérir de nouvelles compétences techniques qui permettront de rendre mieux encore service à la population. Nous ne doutons pas de leur volonté de s’y engager et nous savons qu’il faudra du temps pour y parvenir.

Et c’est important : dans les mois à venir, le CPAS sera confronté à une augmentation des demandes : aides alimentaires, avances sur chômage, revenus d’intégration, aides sociales complémentaires et conseils administratifs. Les services devront accompagner les bénéficiaires, le Conseil devra octroyer ou refuser des aides, en fonction des besoins réels des demandeurs et pas en fonction des craintes budgétaires de l’institution. C’est au politique de faire en sorte que les aides aillent là où elles doivent aller !

Pierre Moreau et Valérie Toussaint, Conseillers CPAS